Textes et recherches de Yves RENAUD

L'ancienne pharmacie

Venez découvrir l'univers très particulier d'une ancienne pharmacie d'hôpital. Les pots de faïence blanche ornés d’enjolivures bleuâtres aux inscriptions parfois surréalistes, les mortiers de bronze polis, les flacons de verre gravés ou encore les étains patinés rangés dans leurs boiseries y créent une ambiance étrangement belle et chaleureuse. Mais vous n'échapperez pas à l'image des souffrances que l’apothicairerie de l'époque peinait à soulager.

Cette bonne Duchesse n'avoit qu'une sainte curiosité d'embellir les Eglises et les Oratoires, de fonder des Maisons Religieuses et des Hospitaux.
Selon : Hilarion de Coste(1640)

Cest en 1567, que la veuve de Claude de Lorraine, 1er duc de Guise, Antoinette de Bourbon et son fils Charles, cardinal de Lorraine fondent, sur l’emplacement de l’ancien Prieuré Saint Jacques, l’hôpital Sainte Croix.
La dévote fit bâtir cet hôpital sur le modèle des hôpitaux italiens de la Renaissance (style hospices de Beaune) afin d’y recevoir les sujets malades et pauvres de l’Abbaye de Saint Urbain mais aussi et surtout de la Principauté de Joinville qui s’étendait alors sur plus de 60 kilomètres.
Placé hors de la ville close, dans un faubourg pour éviter la contamination des populations, l'hospital accueillait riches et pauvres mais séparément. Les plus fortunés devaient alors payer leurs séjours et soins en monnaie ou encore en biens mobiliers ou immobiliers (terres, meubles, vaisselles de valeur, tableaux, bois...). Ceci explique en partie le riche fond que posséde toujours l’hôpital Sainte-Croix , le reste provenant de donations ou de legs.

Un musée est d'ailleurs en projet afin de valoriser ce patrimoine.

Son apothicairerie

Les établissements hospitaliers disposaient de leur propre apothicairerie (pharmacie) puisqu’il n’existait aucune production organisée de médicaments.
Au 18ème siècle l'apothicairerie de chaque hôpital apparaît comme la vitrine de l'institution hospitalière à la fois dans sa fonctionnalité et dans sa conception esthétique et symbolique.
Comme dans toutes les apothicaireries, la pharmacie de Joinville est organisée et structurée en un espace de travail classiquement composé de deux parties :
• La boutique, côté Cour ;
• L'arrière-boutique, côté Rue (pièce de réserve, de stockage).


Âmes sensibles s'abstenir ! l'huile de petit chien

"Prenez 2 chiens nouveaux-nés. On les coupera par morceaux, on les mettra dans un pot vernissé avec une livre de vers de terre bien vivants, faites bouillir environ 2 heures. Ce remède guérissait des maladies de nerfs, la sciatique et surtout la paralysie. On dit même qu’Ambroise Paré aurait utilisé cette huile pour soigner les plaies de François de Lorraine, le fils d’Antoinette de Bourbon, 1er Prince de Joinville, dit : le " balafré"

La place occupée par les tisanes, les eaux distillées, les essences et les sucs volatils dans la pharmacopée du 18ème siècle explique la présence de l’alambic. Dans la boutique, les remèdes occupent une place bien précise dans les différents compartiments de la boiserie en fonction de leur importance thérapeutique (supposée) de leur prix et de leur rareté. La partie inférieure de la boiserie constitue le droguier où sont conservées les plantes sèches. Les préparations prestigieuses jouant le rôle d'antidote universel ou panacée sont conservées dans de très grands vases d'apparat au décor raffiné. Ces préparations occupant la place d'honneur sont : la Thériaque, l'Orviétan, l'Opiat de Salomon, la Confection d'Hyacinthe. Les remèdes plus courants contenus dans des vases de diverses formes sont impeccablement rangés dans de petits compartiments qui constituent de véritables niches.

En 2003, l’Office du Tourisme, la Ville de Joinville et l’hôpital décident d’un financement tri parties afin de réhabiliter l’ancienne apothicairerie, (on dit pharmacie depuis la Révolution).