( un peu d'histoire)
À la renaissance, artistes et médecins se confondent en un désir commun de mieux connaître l'être humain. Dans nos campagnes les "charlatans", les fraters de village, les alchimistes et les apothicaires règnent en maîtres. À l'opposé, le médecin des villes, dans sa robe longue, mire les urines et discourt en latin.
Les apothicaires étaient compris dans la nomenclature des personnes et métiers jouissant de l'exemption du guet. C'est à peu près de cette époque que date ce qu'on pourrait appeler l'organisation de la pharmacie.
Médecine et l’apothicairerie sont deux activités longtemps confondues. Ce n’est qu’au XIIe siècle que s’établit la séparation entre elles.
Mais à la Renaissance une querelle va les opposer
Un arrêt du Parlement de Paris, de 1536, s'exprime ainsi au sujet du métier d'apothicaire :
« Le fait et estat d'apoticairerie est de plus grande conséquence que tous les autres estats qu'ils soient. La plus grande partie dudit estat consiste en poudres, drogues, confitures, sucres et autres compositions qui se débitent et distribuent pour les corps humains et pour le recouvrement de la santé des malades. Il est donc très nécessaire que ceux qui s'entremettent dudit estat soient personnages sages, sçavants, fidèles, experimentez de longtemps, et connoissant bien avant la marchandise dont ils dont lesdites compositions. »
Les apothicaires voulurent-ils, à cette époque, pousser trop loin leurs prétentions ? L'extrait suivant du Myrouel des apothicaires le ferait croire. « Souventes fois, dit cet ouvrage, paru à Lyon en 1539, ils abusent et contrefont les médecins là où les plus saiges sont bien empeschez, dont plusieurs souvent perdent la vie à cause que les apothicaires veulent faire et contrefaire du médecin, desquels Dieu nous veuille deffendre, car plusieurs maulx en viennent et font souvent des cemetieres boussus avant leur terme. »
Ce qui est certain, c'est que ce fut à peu près vers ce moment que la lutte entre les médecins et les apothicaires devint très vive. En 1553 parut le pamphlet que Sébastien Colin, médecin à Tours, publia sous le nom de Lisset Benancio, son anagramme, et sous ce titre : Déclaration des abus et tromperies que font les apothicaires ; fort utile à ung chascun studieux et curieux de sa santé. Les apothicaires, qui avaient becs et ongles, répondirent par la Déclaration des abus et ignorances des médecins ; oeuvre très utile et profitable à ung chascun studieux et curieux de sa santé (composé par Pierre Braillier, marchand apothicaire de Lyon, en 1557).
Dans ces deux écrits, comme dans bien d'autres, ce ne sont que mordantes railleries contre « les abus, tromperies et ignorances » que médecins et apothicaires se reprochaient mutuellement. En 1560, les médecins parurent obtenir gain de cause ; les apothicaires furent de nouveau et formellement réunis aux épiciers, ce qui était pour eux une grande humiliation.
Si les médecins, en effet, parlaient au nom de la majesté de la médecine, les apothicaires ne croyaient pas combattre sous un moins noble étendard. Partout, on retrouve des traces de l'antagonisme profond qui exista pendant des siècles entre les médecins et les apothicaires. Le Français né malin s'amusait volontiers de ces querelles.
Sous Louis XIV
Saint-Vincent de Paul lance un grand mouvement de charité en France, Louis XIV favorise la science médicale grâce à la Faculté de médecine, au Jardin Royal des Plantes devenu depuis le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris : tout ceci contribue à uniformiser la médecine et ses remèdes. Les soins guérisseurs sont partout les mêmes. L’invention et la découverte de nouveaux remèdes profitent à tout le royaume.
À la renaissance, artistes et médecins se confondent en un désir commun de mieux connaître l'être humain. Dans nos campagnes les "charlatans", les fraters de village, les alchimistes et les apothicaires règnent en maîtres. À l'opposé, le médecin des villes, dans sa robe longue, mire les urines et discourt en latin.
Les apothicaires étaient compris dans la nomenclature des personnes et métiers jouissant de l'exemption du guet. C'est à peu près de cette époque que date ce qu'on pourrait appeler l'organisation de la pharmacie.
Médecine et l’apothicairerie sont deux activités longtemps confondues. Ce n’est qu’au XIIe siècle que s’établit la séparation entre elles.
Mais à la Renaissance une querelle va les opposer
Un arrêt du Parlement de Paris, de 1536, s'exprime ainsi au sujet du métier d'apothicaire :
« Le fait et estat d'apoticairerie est de plus grande conséquence que tous les autres estats qu'ils soient. La plus grande partie dudit estat consiste en poudres, drogues, confitures, sucres et autres compositions qui se débitent et distribuent pour les corps humains et pour le recouvrement de la santé des malades. Il est donc très nécessaire que ceux qui s'entremettent dudit estat soient personnages sages, sçavants, fidèles, experimentez de longtemps, et connoissant bien avant la marchandise dont ils dont lesdites compositions. »
Les apothicaires voulurent-ils, à cette époque, pousser trop loin leurs prétentions ? L'extrait suivant du Myrouel des apothicaires le ferait croire. « Souventes fois, dit cet ouvrage, paru à Lyon en 1539, ils abusent et contrefont les médecins là où les plus saiges sont bien empeschez, dont plusieurs souvent perdent la vie à cause que les apothicaires veulent faire et contrefaire du médecin, desquels Dieu nous veuille deffendre, car plusieurs maulx en viennent et font souvent des cemetieres boussus avant leur terme. »
Ce qui est certain, c'est que ce fut à peu près vers ce moment que la lutte entre les médecins et les apothicaires devint très vive. En 1553 parut le pamphlet que Sébastien Colin, médecin à Tours, publia sous le nom de Lisset Benancio, son anagramme, et sous ce titre : Déclaration des abus et tromperies que font les apothicaires ; fort utile à ung chascun studieux et curieux de sa santé. Les apothicaires, qui avaient becs et ongles, répondirent par la Déclaration des abus et ignorances des médecins ; oeuvre très utile et profitable à ung chascun studieux et curieux de sa santé (composé par Pierre Braillier, marchand apothicaire de Lyon, en 1557).
Dans ces deux écrits, comme dans bien d'autres, ce ne sont que mordantes railleries contre « les abus, tromperies et ignorances » que médecins et apothicaires se reprochaient mutuellement. En 1560, les médecins parurent obtenir gain de cause ; les apothicaires furent de nouveau et formellement réunis aux épiciers, ce qui était pour eux une grande humiliation.
Si les médecins, en effet, parlaient au nom de la majesté de la médecine, les apothicaires ne croyaient pas combattre sous un moins noble étendard. Partout, on retrouve des traces de l'antagonisme profond qui exista pendant des siècles entre les médecins et les apothicaires. Le Français né malin s'amusait volontiers de ces querelles.
Sous Louis XIV
Saint-Vincent de Paul lance un grand mouvement de charité en France, Louis XIV favorise la science médicale grâce à la Faculté de médecine, au Jardin Royal des Plantes devenu depuis le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris : tout ceci contribue à uniformiser la médecine et ses remèdes. Les soins guérisseurs sont partout les mêmes. L’invention et la découverte de nouveaux remèdes profitent à tout le royaume.
Une déclaration royale du 25 avril 1777, reconnaissant la valeur de la Pharmacie « art précieux à l'humanité », donna sa totale indépendance à la corporation des apothicaires, qui prit le nom de « Collège de Pharmacie ». Ce Collège de pharmacie donnait des cours publics et gratuits. Mais survient la Révolution : malgré les services éminents qu'il rendait au public, le Collège ne pouvait échapper aux secousses de la tourmente révolutionnaire. Son esprit corporatif était contraire aux nouveaux principes de liberté, et le décret du 2 mars 1791 supprime toutes les corporations y compris le Collège de pharmacie. La pharmacie devient libre et n'importe qui peut s'établir et délivrer des remèdes. Cependant, devant les inconvénients graves qui en résultent tout de suite pour la santé publique, le Collège est rétabli dans ses droits et prérogatives le 14 avril suivant (donc six semaines après) à titre provisoire. Il faudra attendre la loi du 21 germinal An XI (11 avril 1803), pour que le Consulat confie à l'Etat, le monopole de l'enseignement de la pharmacie en créant trois écoles à Montpellier, Paris et Strasbourg.
L’apothicaire
Décrit par GUSTAVE FLAUBERT :
« Probablement que c'était le logis vénéré d'un bon apothicaire-herboriste d'autrefois, lors du vieux temps des élixirs et des juleps, quand on venait chercher chez lui la drogue orientale, le médicament miellé, l'or potable qui prolonge la vie, et puis aussi le remède mystérieux qui se composait la nuit dans la seconde arrière-boutique, derrière les gros alambics verts et les paquets de baume : ... »
Les expressions liées à cette fonction :
-Faire de son corps une boutique d'apothicaire. Absorber trop de médicaments sans nécessité.
-Un apothicaire sans sucre. Personne dépourvue de ce qui est indispensable à l'exercice de sa profession : Le sucre est entré dans le monde par l'officine des apothicaires. Il devait y jouer un grand rôle ; car, pour désigner quelqu'un à qui il aurait manqué quelque chose essentielle, on disait : c'est comme un apothicaire sans sucre
-Les comptes d’apothicaire, pour beaucoup cela signifie « calculer au prix le plus serré », avec une association avec l’avarice, la radinerie ou l’âpre marchandage. A l’origine, les « comptes d’apothicaire » désignent des prix exagérés,tout simplement parce que les apothicaires avaient tendance à ajouter et rajouter moult produits et donc à compliquer leurs préparations guérisseuses. Faire des comptes d’apothicaire, cela signifie compliquer une tâche pourtant simple au départ
-L’Officine qui désigne à l'époque une apothicairerie, peut désigner en analogie avec le secret et le mystère qui régnaient dans une apothicairerie, une association secrète parallèle d’espions ou de barbouzes