En effet au Moyen Age, on employait la corne, le plomb, le grès ou le bois pour conserver les préparations.
A partir du 18ème siècle, ces pots de pharmacie sont en faïence car c'est le matériau qui procure une bonne conservation des remèdes grâce à sa couverte d'émail stannifère assurant une parfaite étanchéité et une bonne opacité. Dès 1697 dans la Pharmacopée Universelle, Nicolas Lémery préconise l'emploi de la faïence pour des motifs esthétiques : "on préfère la faïence aux autres terres chez les apothicaires à cause de sa beauté et de sa netteté".
Les faïences de l’apothicairerie de Joinville sont pour l’essentiel du 18ième et fabriquées à Nevers, Moustiers ou Lunéville. Près de 230 pots sont exposés dans leurs boiseries.
Ces pots sont devenus l'emblème et le signe d'identification de la profession pharmaceutique peuvent être classés en quatre types majeurs et deux mineurs :
l’Albarello ;
pot cylindrique à parois concaves permettant une meilleure prise en main ; il présente à sa partie supérieure un bourrelet destiné à la ligature d'une peau de mouton ou d'un parchemin destiné à clore le récipient à large ouverture. Le corps du vase a un cintrage plus ou moins prononcé. Importé de Perse et de Syrie, son nom vient du persan « el barani » qui signifie vase destiné à recevoir une drogue. Il est la première forme de pot à pharmacie et est adopté par tous les fabricants. L'albarello renferme des préparations de consistance solide ou pâteuse : baumes, onguents, cérats, électuaires, opiats.
Le pot canon ;
pot cylindrique, sur un pied évoluant progressivement vers le piédouche (petit support mouluré), il présente un étranglement qui permet de le saisir ; il est destiné aux onguents (pommade), opiats, baumes, camphres, farine de moutarde, électuaire (mélange de miel et de poudre) et robs (sucs de fruits cuits et épaissis).
La Chevrette ;
cruche piriforme élégante munie d'une anse et d'un goulot d'écoulement ou bec verseur. Elle tire son nom de la saillie que fait le goulot d'écoulement sur la panse et qui est comparée à la corne du chevreuil. Dans la chevrette française, un anneau rond ou noeud relie typiquement le goulot d'écoulement au corps du vase. A partir du 17ème siècle, la chevrette est montée sur un piédouche évasé et présente généralement un bord supérieur plat destiné à recevoir un couvercle bombé en faïence ou plus simplement en bois.
La chevrette contient des remèdes liquides : sirops, huiles, liquides visqueux, eaux distillées. Vers la fin du 18ème siècle, elles sont remplacées par des bouteilles aplaties plus faciles à boucher. Elles deviennent alors essentiellement un élément de décoration qui orne la boutique de l'apothicaire.
Ces chevrettes, d’abord appelées « cabrettes » parce que le goulot de versement est en forme de corne de chevreuil étaient des récipients dont l’utilisation était exclusivement réservée à l’apothicaire et absolument interdite à l’épicier.
Le Pilulier ;
modèle réduit du pot canon, il est destiné aux pilules , sels et onguents.
Le pot dit : à Thériaque ou encore Vase de monstre ; C'est le plus majestueux et le plus volumineux des pots d'apothicaire puisqu'il peut atteindre 90 cm de hauteur et 180 cm de circonférence. De forme ovale, ce vase toujours richement décoré repose fréquemment sur un piédouche. Il bénéficie toujours de la place d'honneur dans les apothicairerie, celui de l'hôpital de Joinville n'y déroge pas. Du mot grec Thiéron, qui signifie vipère il renferme les remèdes les plus précieux.
Ce vase est fabriqué selon la technique du « petit feu » c’est à dire que l’émail est cuit avant d’être orné. Cette technique qui permettait une plus grande précision des motifs était devenue une spécialité des ateliers de Lorraine.
Le Vase ;
couvert et évasé comme son nom l’indique.
La Jarre ;
ressemble à un pot à eau ayant une anse. Elle est destinée aux huiles douces et aux eaux distillées.
Dans une apothicairerie, on trouve également des Bouteilles à goulots larges ou effilés proche de nos carafes.
Elles contiennent eaux distillées, liqueurs et élixirs. L'apothicairerie de Joinville compte de nombreux et beaux flacons d'eau d'arquebusade censée guérir les blessures provenant des coups d'arquebuse
Quelque soit leur forme ou leur contenu, tous ces pots de faïence possèdent une décoration riche et variée ou prédominent souvent les motifs floraux. Ils présentent très souvent un cartouche orné réservé à l'inscription du nom du remède. En lettres gothiques ou romaines, ces inscriptions en latin sont difficiles à déchiffrer en raison d'abréviations incorrectes ou sybillines et de transcriptions erronées émanant parfois des céramistes.
Aucune apothicairerie ne conserve hélas de vases d'apothicairerie façonnés par Masséot Abaquesne au16ème siècle. Ils sont typiquement ornés de figures masculines au nez busqué et aux lèvres charnues couvertes d'étranges chapeaux ou de bonnets à revers. Au début du 19ème siècle, le pot de pharmacie subit une évolution tant dans sa forme que dans sa décoration et son matériau de fabrication. La porcelaine remplace la faïence, elle cèdera elle-même la place au bocal en verre vers la fin du 19ème siècle. Les pots deviennent pratiquement tous cylindriques, ce sont les héritiers du pot-canon, ils sont plus rarement de forme octogonale.
Le décor de ces pots est plus sobre et présente des motifs associés à l'art médical ou pharmaceutique tels que le caducée, la coupe d'Hygie ou des portraits de médecins illustres.
Au début du 19ème siècle, le décor polychrome utilisera très fréquemment le motif symbolisant les trois règnes de la nature (minéral, végétal et animal) dans lesquels la pharmacopée puise ses remèdes. Il s'agit classiquement d'un palmier planté sur un sol rocheux et autour duquel s'enroule le serpent.
Dans la seconde moitié du 19ème siècle on voit apparaître un décor très simple consistant en de simples filets noirs ou dorés encadrant le nom du médicament et qui préfigure l'étiquette qui sera apposée ensuite sur les bocaux de pharmacie en verre.
Sont également présents dans la boutique :
Balances de précision;
Assiettes et gobelets en étain ;
Mesures en étain ;
Boîtes de poids ;
Cruches et gourdes ;
Sans oublier bien sûr de superbes mortiers.
Le codex
est un livre de forme parallélépipédique, résultat de l'assemblage de feuillets manuscrits, d'abord en parchemin à partir du 1er siècle dans l'empire romain puis en papier depuis le XIIIe siècle.
Cette présentation des textes a constitué une véritable révolution au début de l'ère chrétienne car, à l'inverse du rouleau qui impose une lecture continue, le codex permet d'accéder aux chapitres de manière directe. L'habitude de numéroter les pages accompagna cette innovation. Son adoption dans la chrétienté est d'autant plus marquée que, support de la Bible, le codex permet de se différencier des rouleaux sur lesquels les juifs écrivent la Torah. Dans une apothicairerie, il est le recueil officiel des pharmaciens, contenant la nomenclature des médicaments et leurs descriptions, c'est-à-dire composition, effets…désirables ou indésirables. Il est la pharmacopée
En 1803 est créée l' école de Pharmacie de Paris (loi du 21 germinal an XI). L'internat en pharmacie fut créé plus tard en 1815. Le premier travail des pharmaciens fut la refonte du Codex. La Pharmacopée des Hospices , rédigée par Parmentier et revue par l'école de Médecine, parut avec l'appui du Conseil Général des Hospices en 1803. Elle fut rééditée sous le nom de Code Pharmaceutique en 1803, 1807, 1811 et sous le nom de Codex médicamentarius sive Pharmacopea gallica en 1818.